S’il n’y avait pas eu ce putain de COVID avec ses confinements, ses désormais 40 00 morts rien qu’en France (plus de 200 000 aux USA).
S’il n’y avait pas eu ce retour des attentats terroristes.
S’il n’y avait pas eu cette étonnante élection américaine nous tenant en haleine jusqu’à pas d’heure et dont nous attendons encore inconsciemment un dernier soubresaut de l’homme à la perruque oxygénée.
Bref, si 2020 n’avait pas été cette année plutôt de merde mais avec quelques belles nouvelles comme l’élection de la première femme de couleur à la vice-présidence États-unienne.
Nul doute que l’année 2020 aurait été l’« année de Gaulle ».
C’est en effet le 9 novembre 1970, il y a tout juste 50 ans, qu’après avoir mangé des pieds de cochon dont on le disait friand, que Charles de Gaulle est victime d’une rupture d’anévrisme alors qu’il venait d’entamer une partie de patience. « La France est veuve », déclara le lendemain le Président de la République, Georges Pompidou, son ancien chef de cabinet puis Premier ministre. Le Premier ministre en exercice, Jacques Chaban-Delmas déclara lui que la France venait de «perdre un père»… De Gaulle et la France, une histoire de famille donc.
Que retenir de ce personnage ?
- L’homme du 18 juin. Sans lui, les alliés (Angleterre, États-Unis, URSS) auraient certes écrasé le nazisme, mais avec la France dans le camp des vaincus. Et l’après-guerre, telle que souhaitée par Roosevelt, eut été très différente.
- L’homme des institutions. C’est un des apports majeurs que l’on lui doit : des institutions solides, la constitution de 1958, qui a permis aux chefs de l’État successifs de surmonter les crises politiques et sociales : putsch des généraux en avril 1961, événements de mai 1968, décès du chef de l’État (avril 1974), situations de cohabitation (1986 et 1993), recrudescence d’attentats terroristes…
- Des rares moments d’unité nationale. Depuis 1945, il est le seul a avoir réussi à unir pratiquement toutes les forces politiques et la Nation derrière lui : en 1944-45 à la Libération; en 1958-59 pour mettre fin à la guerre d’Algérie (même si des arrières pensées divergentes habitaient nombre de protagonistes); en 1962 (le Peuple contre les partis politiques, première fêlure) pour l’élection du chef de l’État au suffrage universel. En 2015 et 2020, les présidents Hollande et Macron tenteront en vain de susciter une union nationale face aux attentats terroristes, les forces se réclamant du Général préférant la « petite soupe sur son petit feu, dans sa petite marmite » comme disait le natif de Lille.
Reste aussi, comme pour tout être humain, la part d’ombre :
- Un caractère fier et ombrageux n’hésitant pas à utiliser le chantage politique (« Moi ou le cahot ») transformant ses referendums en plébiscites.
- Une arrivée au pouvoir tout de même entachée par un véritable coup d’État mené par ses affidés (Lagaillarde, Soustelle, Neuwirth, Delbecque…) le 13 mai 1958.
- Bien que reconnu pour son intégrité, Charles de Gaulle au pouvoir a su fermer les yeux pudiquement sur les agissements douteux de ses soutiens. Politiques avec le Service d’Action Civique (SAC), le service d’ordre gaulliste, ramassis de nervis aux méthodes mafieuses., dissous en 1981 après le tuerie d’Auriol. Économiques, avec les affairistes de la spéculation immobilières (affaire de la Garantie foncière et autres scandales).
Charles de Gaulle est décédé le 9 novembre 1970. Le Gaulisme a été aussitôt enterré avec lui à Colombey-les-Deux-Eglises. Dès 1969, c’est le Pompidolisme (forme de droite bourgeoise mâtinée de modernisme culturel et industriel) qui est au pouvoir. Puis, ce sera le Chiraquisme, espèce de Bonapartisme velléitaire sans autre ambition que de conquérir le pouvoir (voir le billet sur Jacques Chirac). Enfin, dernière forme structurée, le Sarkozisme, voyoucratie où tout est permis pour gagner le pouvoir et « faire du pognon ».
Ne reste chez ces gens là, du gaullisme qu’un grand opportunisme…
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