La becquée refusée à Nicolas et François

Emmanuel Macron aux Champs de Mars le 24 avril 2022
Farrah El Dibany, cantatrice, interprète la Marseillaise aux Champs de Mars après la victoire de Macron le 24 avril 2022

Le 6 mai 2007, Ségolène Royal, nettement battue par Nicolas $arkozy (46,94% des suffrages exprimés), en position de déni proclamait de la terrasse du siège du Parti socialiste rue de Solférino son attente de rassemblements vers « d’autres victoires »

Hier 24 avril 2022, quinze ans plus tard, Marine Le Pen, encore plus sèchement battue (41,46% des suffrages exprimés) suit l’exemple de son ainée en déclarant « Le résultat de ce soir représente en lui-même une éclatante victoire. » On n’ose imaginer ce qu’un succès réel aurait représenté pour elle!

Tout est décidément bizarroïde dans cette élection. Depuis un an, tous les médias ne cessent-ils pas de nous présenter la candidate du Front/Rassemblement national comme ayant, contrairement à son père, réussi sa « dédiabolisation ». Le Rassemblement ne serait plus le Front. Aidée inconsciemment (?) par un Zémmour encore « jeune » en politique active, la fille du sous-lieutenant tortionnaire en Algérie ne serait plus qu’une gentille personne, paisible et amoureuses de chats. Et il en va ainsi jusqu’au premier tour où la candidate qui ne veut plus qu’on lui accole l’étiquette d’extrême droite obtient 23,15% des suffrages exprimés et est qualifié pour le second tour. Alors nos bonnes consciences se réveillent et découvrent que le Rassemblement est à l’identique du Front, que Marine Le Pen version 2022 est la copie conforme de Marine Le Pen versions 2017 et 2012 : une apprentie fasciste, avec un programme profondément dangereux pour la démocratie derrière sa couverture populiste, papier glacé. Lors du débat du 20 avril Emmanuel Macron n’a pas eu à forcer son talent pour arracher le vernis et mettre à jour les mesures attentatoires à nos libertés fondamentales et à notre attachement à une Europe garante de paix. Bien entendu, nos biens pensants sus-évoqués, ont, sans doute par anti-macronisme viscéral, détecté un comportement condescendant et méprisant du président sortant…

Pendant ce second tour, l’autre « gueule » du spectre politique, Jean-Luc Mélenchon n’a pas voulu donner la seule consigne de vote efficace permettant de battre Le Pen : voter Macron. Pourtant, une de ses idoles sud-américaines, l’ancien président du Brésil, Lula, n’a pas eu ces « pudeurs de gazelles » :

Et, le leader de la France insoumise de décider d’enjamber le second tour de la présidentielle pour appeler à se faire « élire Premier ministre » à la faveur des législatives de juin prochain. Et pour ce faire, il s’auto-proclame chef du « Bloc populaire », tord le bras de ses « partenaires » sur le programme et les candidatures à la députation dignes de recevoir son soutien. Une fois encore Monsieur « La République c’est moi ! » montre sa difficulté à jouer le jeu démocratique, même avec ses « amis »

L’analyse des résultats d’hier nous montre d’ailleurs la complexité, la dualité du vote Mélenchon. Prenons par exemple une petite ville bretonne de ma connaisance, Douarnenez dans le Finistère. Au premier tour, Mélenchon est en tête avec 30,46%, suivi de Macron (26,98%) et Le Pen (15,37%) ; total extrême droite 21,49%. Au second tour, Macron totalise 71,36 contre 28,64% à Le Pen. Les voix Mélenchon du premier tour se sont largement reportées sur le Président sortant. A l’opposé, en Guadeloupe, au premier tour, Mélenchon avait pulvérisé ses concurrents avec 56,16% contre 17,92% à Le Pen et 13,43% à Macron. Au second tour, Le Pen recueille 69,60%, Macron 30,40%. Les voix Mélenchon se sont massivement reportées sur la candidate d’extrême droite.

Si l’on osait un conseil aux dirigeants écologistes, communistes et socialistes : fuyez les alliances faciles avec cet ami qui ne vous veux pas que du bien. Quand on a pareil ami, inutile d’avoir des ennemis…

En attendant, hier à 20h le soulagement fut à la hauteur de l’angoissante attente des derniers jours. N’en déplaise à certains, 58,5% est un très joli score pour un second mandat, ré-élection sans précédent dans l’histoire de la Vème République hors parenthèse de cohabitation. Gageons que les Giscard, $arkozy et Hollande aurait dégusté pareille becquée à petite bouchées gourmandes !

1 Comment

  1. S’agissant du RN, je ne trouve pas que la défaite est si sanglante que cela. Tous les 5 ans, il se prend une bonne dose d’électeur en plus. Si cette progression se poursuit, 2027 sera délicat.
    Quant aux législatives, tout bon socialiste doit fuir LFI et enfin s’attaquer à élaborer une doctrine politique nouvelle adaptée à la vie actuelle.
    PS: je n’apprécie pas du tout que tu mettes dans le même sac Hollande et ses prédécesseurs.
    Que je ne t’y reprenne plus!

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