Quand le rameau d’olivier n’est pas symbole de paix mais de mort

Olivier Faure
La solitude du perdant : Olivier Faure reste sans voix, dans tous les sens du terme

Ah le joli mois de mai que nous vivons depuis hier. Hier donc, 1er mai, tagada tsoin tsoin, la « gauche » politico-syndicale se retrouve à battre le pavé à Paris entre République et Nation : 24 000 participants, 116 000 pour l’ensemble des rassemblements en France. On est bien loin du 1er 2002 où plus d’un million de personnes manifestaient pour faire barrage à Le Pen, premier du nom dans la fashosphère. A l’époque, nous en étions. Nous n’avions pas hésiter, en nous bouchant le nez au besoin, à voter pour l’adversaire honni, la girouette tournant du « travaillisme à la française » au « tatcherisme ultra libéral ». Mais désormais le paysage politique a bien changé et certains prétendants à gouverner la France n’ont pas hésité à entretenir le doute sur la conduite à tenir face à la Le Pen, deuxième du nom dans la dynastie.

Déjà depuis l’entre deux tours Mélenchon, fort de ses presque 22% tente le hold-up de la gauche, dite de gouvernement : le Parti communiste, les écologistes d’EELV, le Parti socialiste humiliés avec leur résultat sous la barre des 5%. Le leader de la France insoumises presse ses « partenaires » à signer un accord se basant sur les seuls résultats du 24 avril pour la répartition des investitures et en réclamant un quasi alignement du « programme commun » sur celui de LFI. Les verts, oubliant que le premier E du nom de leur parti signifiait Europe, ont validé dimanche soir le fait qu’ « il nous faudra dépasser être prêt.e.s à désobéir à certaines règles européennes. Cela ne peut se faire que dans le respect de l’État de droit » Désobéissance et respect de l’État de droit… comprend qui peut.

Les communistes, eux semblent prêts à mettre la question du nucléaire sous le tapis.

Quant aux socialistes… Olivier Faure, premier secrétaire a, dans un premier temps poussé à un accord rapide afin de sauver quelques circonscriptions. Puis, faisant face aux protestations de nombreuses personnalités socialistes (Hidalgo, Hollande, Cambadélis, Delga…) il tergiverse…

Le plus étonnant dans cette histoire, c’est au nom de quoi cet accord est (ou va être) pris. En chemise, la corde au cou, ces nouveaux bourgeois de Calais revendiquent deux précédents historiques : le Front populaire et le congrès d’Épinay. Pas moins !

A la veille du 86ème anniversaire du 3 mai 1936, dimanche du deuxième tour des élections législatives validant le succès de l’assemblée de Front populaire il faut faire un peu preuve d’historien et se remémorer le contexte. Le 6 février 1934, l’émeute des ligues d’extrême droite devant l’Assemblée Nationale font douze morts par balles. En réaction, c’est, dès mars 1934,  la création du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, rassemblant des intellectuels proches du Parti communiste, de la SFIO et du Parti radical. Le rapprochement politique se poursuivra jusqu’à la création du Front Populaire sous la menace de la montée des fascistes italiens et nazis allemands. Autre particularité du Front populaire : participation des socialistes et des radicaux au Gouvernement, le Parti communiste se contentant de soutenir (un temps) sans participation. Situation très différente donc de celle d’aujourd’hui.

Le congrès d’Épinay instituant le Parti socialiste que nous connaissons. Après l’élection présidentielle de 1965 qui avait vu le score intéressant de François Mitterrand, candidat unique de la gauche (44,80%) et le flop de la candidature de Gaston Defferre à celle de 1969 (5,01%), François Mitterrand réussit à prendre d’assaut la vieille SFIO et à imposer une politique d’union programmatique avec le Parti communiste, le « Programme commun », programme qui fait la part belle aux nationalisations voulues par le PC. La différence fondamentale entre aujourd’hui et cette époque 1971-1972, est que Mitterrand a organisé ce rapprochement entre un parti plutôt en voie de redressement (hors l’accident de 1969) et une formation en perte d’influence depuis 1945 (voir graphique ci-dessous). L’accord PS-PS avait pour objectif de réaliser le baiser qui tue. Et, en effet, le PC ne s’en ai jamais remis.
A contrario, aujourd’hui, c’est l’inverse. Le PS est, depuis une trentaine d’année sur une pente décliniste : 36% des voix en juin 1981, 7,5 % en 2017 (et 1,75 pour Anne Hidalgo à la présidentielle 2022). D’un autre côté La France insoumise (ex-Parti de Gauche) est sur une pente ascendante : 6,91% en 2012, 11% en 2017…

Elections législatives 1945-2017 et présidentielle 2022

Signer dans ces conditions un accord avec Mélenchon revient bien à abonner toutes les valeurs jusqu’alors défendues par le PS, les écolos (notamment sur l’Europe, l’appartenance à l’OTAN, le soutien à l’Ukraine…) et donc risque fortement de provoquer un arrêt de mort pour les alliés de LFI.

Mais cela, l’apparatchik Faure, qui n’a jamais en rien brillé, ne l’a pas compris. L’histoire politique ne doit pas être son fort !

1 Comment

  1. Je n’ai pas le coeur à plaisanter. Pourtant, je ne peux pas m’empecher de faire la boutade suivante: Faure n’est pas fort. C’est au niveau du score du PS aux présidentielles.
    Désolé.

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