Un gout de dégout

Dimanche dernier, comme un certain nombre de gens de gauche, je suis allé «prendre la Bastille» et j’envisageai, dès lundi potron minet, vous parler du candidat Mélanchon. J’avais même préparé une vidéo prise au pied de la colonne de juillet.

Je voulais vous dire que si le rassemblement était réussi, j’avais trouvé que tout cela avait quelque chose de surréaliste : le «On lâche rien» avait des airs du «Tout deviens possible ici et maintenant» de 1980, comme si ni les enseignement du passé n’était tirés, ni la réalité d’une crise économique et financière n’était reconnue; l’humour de Didier Porte réussissant l’exploit de faire autant siffler les socialistes que le Président-candidat me paraissait tout de même assez mesquin; enfin, le discours du candidat du Front de gauche m’avait paru assez mauvais : en à peine 20 minutes (les dizaines de milliers de participants étaient bien frustrés), passer d’un ton gaullien, emphatique, à l’appel à l’insurrection…

Et puis, alors que j’achevais la dépose de ma vidéo Bastille sur Dailymotion, le tueur de militaires repassait à l’action en s’attaquant cette fois à une école juive de Toulouse, tuant froidement trois enfants et un adulte. On saura plus tard qu’il avait, en ce lundi, décidé de tuer un nouveau militaire et que, n’ayant pas réussi, il s’est tourné vers cette école hébraïque… La mort d’enfants est toujours plus dramatique que tout. Quand il s’agit d’assassinat de sang froid, au drame s’ajoute l’odieux. Et quand l’action se déroule devant une école de confession juive, la symbolique est forte.

Fallait-il pour autant, alors que l’on ne savait rien des motivations réelles du tueur, partir dans des grandes déclarations surfant sur l’émotion légitime ? Fallait-il «suspendre la campagne» pour vivre un grand moment de deuil et d’union nationale ? «La question ne sera pas posée» comme l’on disait lors du procès Zola dans l’affaire Dreyfus…

L’assaut final contre le tueur était-il justifié ? Je le crois, dans la mesure où les personnes embarquée dans de tels comportements de tuerie ont généralement une attitude suicidaire. Et que penser alors des commentaires donneurs de leçons diffusés à longueur d’antenne par des «spécialistes» en démarches démocratiques que sont les Prouteau et Barril ? Ces tristes sires sont, rappelons-le, les organisateurs des grandes manipulations des années 80 avec les Irlandais de Vincennes et la cellule d’écoute Élyséenne. Pas vous Messieurs !

Christian Prouteau et Paul Barril, experts en bidonnage et autres manipulations antidémocratiques
Christian Prouteau et Paul Barril, experts en bidonnage et autres manipulations antidémocratiques

Le Président-candidat a-t-il vraiment interrompu sa campagne quand, le corps du tueur à peine refroidi, il se propose d’organiser une session extraordinaire du Parlement pour faire voter une énième loi sécuritaire à chaud à la suite d’un fait divers ? Une loi qui, de toute façon, serait aussi inefficace que les précédentes faute de moyens suffisants donnés aux services de la police et de la justice.

Il est des fins de semaine comme cela où l’on a un gout de dégout dans la bouche

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*