Mes chers oncles et tante, vous avez quitté notre bonne vielle terre depuis un certain temps déjà, mais je ne doute qu’en tant qu’anciens serviteurs officiels de Notre seigneur vous ne soyez désormais à sa droite et qu’à ce titre, vous avez connaissance de tout ce qui peut être dit et écrit en ce bas monde et que donc vous aurez connaissance sans délai de ma missive.
Je sais la chance que j’ai d’avoir eu comme oncles et tante des personnes ayant suivi toute leur scolarité dans des établissements de notre très sainte mère l’Église ; ayant réussis à être ordonnés prêtres ou consacrée religieuse. Et je ne parlerai pas ici de mes autres oncles Alfred et Jean qui ont suivi l’enseignement du petit séminaire jusqu’au baccalauréat, abandonnant la fin du parcours et le grand séminaire pour une vie laïque…
Je puis donc sans rougir revendiquer une belle ascendance trempée à l’eau bénite et parfumée à l’encens.
De mon côté, si je ne suis pas allé à l’école privée, j’ai, tout jeune, voulu être enfant de chœur et, sans l’obstination incompréhensible de ma chère maman, j’aurai eu grand plaisir à revêtir l’aube rouge surmontée de la chasuble de dentelle blanche. Bien entendu, jusqu’à mes 18 ans, j’ai fréquenté assidument les cours du catéchisme puis l’aumônerie.
Alors, pourquoi cette punition ?
L’autre jour par toutes les presses écrites, audiovisuelles ou en ligne j’ai appris qu’environ 300 000 jeunes enfants avaient été victimes, en France, d’actes de pédophilie par des religieux en manque de gâterie… Et moi, en 67 ans, rien, RIEN !
Je vous le redemande, mes chers oncles et tante, pourquoi cette punition ? Pourquoi avez-vous tant négligé votre jeune neveu ? Pourquoi pas le moindre petit geste, même furtif, à faire rougir un adolescent boutonneux ? Surtout, que dans notre cas, vous auriez ajouté le délice du péché d’inceste…
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Tout ceci semble désormais du passé. Une commission a été choisie pour recenser l’ampleur du désastre. Jean-Marc Sauvé (qui est sauvé dans cette histoire ?) a donc recensé et les évêques ont décidé. Décidé d’indemniser les victimes, par des ventes du patrimoine de l’église, pas grâce à l’argent de la quête. Ils n’auraient pas voulu, dit-on, mettre les fidèles à contribution. Peut-être plus simplement ont-ils craint que l’on dise : « Pédophilie dans l’église : donnez à la quéquette ! »
Cher Voldemort et ami,
Voila un texte bien personnel. Il y a de l’amertume en lui, la pensée qui le sous tend est « rèche ».
Je ne peux m’autoriser un commentaire.
De l’amertume ? Que nenni ! Des regrets ? Soupirs…
Rien en tous cas qui puisse freiner des commentaires.