Riche semaine judiciaire qui vient de s’achever. C’est un peu comme si, après une course de lenteur, les juges avaient enclenché le turbo. François-Marie Banier mis en examen. Deux jours plus tard, Patrice de Maistre mis en examen. Et, cerise sur le gâteau (j’ai failli faire une coquille en écrivant cerise sur le gâteux), Jacques Chirac, ancien Président de la République, condamné à deux ans de prison… avec sursis.
Reconnaissons que d’aucuns ont vraiment tout fait pour que cela traîne, en espérant, pour des raisons diverses, que tout cela finisse à jamais enfoui dans les combles du Palais de justice de Paris.
Le triste sire Dumas tout d’abord. Sans doute alerte pour trousser jupons, mais à la morale peu compatible avec les institutions de la République. A peine nommé président du Conseil constitutionnel en 1995 en remplacement de Robert Badinter, Roland Dumas est cité dans l’affaire Elf. Nul n’ignorera plus les détails de sa vie avec sa maitresse Christine Deviers-Joncour. Alors, pour tenter d’éviter une démission (qu’il sera tout de même contraint de présenter en 2000) un deal se met en place avec le Président de la République. Donnant-donnant, la droite met la pédale douce sur les embarras du Roland et le conseil constitutionnel sort une jurisprudence de derrière les fagots selon laquelle le Président de la République bénéficie d’une immunité totale pendant son mandat. Les poursuites contre l’ancien maire de Paris sont donc suspendues. Avant de quitter les dorures de la rue Montpensier, il fit également valider les comptes de campagne d’un certains Balladur, malgré l’origine pour le moins douteuse de certaines valises de billets…
Jean-Claude Marin, procureur de la République de Paris qui a vraiment tout fait pour que Jacques Chirac ne soit pas traduit devant un tribunal pour les malversations, détournements de fonds, opérés à l’Hôtel de ville de la capitale. Dernière déclaration de ce grand prophète : «De cette affaire on pourra dire avec Shakespeare, beaucoup de bruit pour rien». Servile et futé ! Ce Jean-Claude Marin est sans doute de ces juges qui, selon la formule, rendent des services plutôt que des arrêts.
Philippe Courroye enfin, autre procureur, à Nanterre cette fois, qui, lui non plus, ne voyait rien à redire au fait que des personnes salariées de la ville de Paris n’avaient de fonctions qu’au RPR. Et qu’on ne vienne pas soutenir que cette position était liée au fait que ce magistrat était (et est toujours) un proche de l’actuel Président de la République. Et ses positions de frein absolu dans l’affaire Bettencourt… Mais dans ce cas, étant cette semaine à plusieurs reprises désavoué par les magistrats du siège, si Philippe Courroye n’est pas coupable de servilité, peut-être est-il tout simplement incompétent. Et alors, nous attendons les sanctions.
Oui, une belle semaine pour la justice qui, contre vents et marées, parvient à affirmer son indépendance. Les pressions de l’occupant de la rue Saint Honoré ne lui font plus peur. Il en a même, apparemment, abandonné son projet de suppression des juges d’instruction. La bête est touchée, mais, prenons-y garde, elle n’est pas encore mortellement atteinte. Son pouvoir de nuisance existe encore. Il ne faudra pas oublier, en avril-mai prochain, de donner le coup de grâce.
Mieux que ces mémoires (un comble pour une personne perdant la tête) ce 45 tours collector
Maintenant, souhaitons un joyeux Noël à Jacques. Toute sa vie a été bâtie sur la trahison (Chaban, Giscard, Barre…), le mensonge (promesses, promesses…, la fracture sociale, vous-vous en souvenez, c’était trop farce). Le tribunal vient de nous confirmer que ses dix-huit année passées étaient des années de magouilles et de détournement de fonds publics. Mais maintenant, plus personne à trahir, à qui mentir ? Il est vieux, il devient gâteux. Alors, comme disait Thérèse, le fer à repasser à la main : «Joyeux noël Félix !»
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