Bonne année la Gauche

Bonne année la gauche
Bonne année la gauche [© Dessin Dawid, La Nouvelle République]

Voilà près de cinq années que le dernier président de la République socialiste a quitté ses fonctions, après un mandat… comment dire, assez contrasté. Après une campagne menée tambour battant au son de slogans fleurant bon les temps anciens d’union de la gauche façon Programme commun : « Je n’aime pas les riches », « Mon ennemie c’est la finance » François Hollande a commencé par mal choisir son Premier ministre. Plutôt que de choisir Martine Aubry qui incarnait l’autre courant du PS, plus à gauche, il a choisi, par confort, son quasi double : Jean-Marc Ayrault, représentant l’aile plus centre-gauche du parti. Résultat, dès l’automne 2012, des députés PS regimbent en refusant la discipline du parti. Ils s’appelleront les « frondeurs ». Ni l’Élysée, ni Matignon, ni Solférino ne prendront la décision qui pourtant s’imposait : exclure les trublions. Alors, encouragés, certains iront jusqu’à signer une motion de censure contre « leur » gouvernement.

Au fil des mois, la cote du Président et de son Premier ministre dégringole inexorablement dans les sondages. Le coup de grâce est donné à l’automne 2016 par la publication du livre « Un Président ne devrait pas dire ça ». Je viens de le lire en ce début d’année. Avec le recul, sa lecture nous laisse un gout acre dans la bouche. On y découvre un président commentateur de sa propre fonction, incapable de trancher à vif, de reconnaître ses erreurs… finalement si peu présidentiel. Le verdict ne s’est alors pas fait attendre : impossibilité pour le Président de solliciter le renouvellement de son mandat.

Après le double échec cinglant de la présidentielle et des législative que fait le PS KO debout ?

La solution la plus intelligente aurait sans doute consisté, d’une part à proposer une opposition constructive au nouveau président (une grande partie de ses lieutenants et des nouveaux députés viennent du PS) et d’autre part d’engager un travail en profondeur pour les quatre années à venir: un bilan sans concession du mandat Hollande et une mise à plat complète des idées, du programme à bâtir (fiscalité climatique, place du travail et de l’entreprise, comment favoriser l’innovation technologique, sociale ? revenu universel, utopie ou perspective d’avenir ? démocratie représentative et participation des citoyens…), de la stratégie à adopter (avec qui gouverner ?).

Bien sûr, c’est l’autre solution qui a été choisi : opposition frontale au nouvel exécutif, choix de faire tomber quelques têtes, désignation d’un Premier secrétaire incolore et sans saveur et, vogue le navire à petite vitesse (le budget n’est plus le même, il a fallu vendre Solfé). Tant que l’on ne touche pas à l’orga, les prochaines présidentielles : on verra, c’est dans cinq ans !

Et maintenant, c’est dans trois mois

Pour les européennes de 2019, Olivier Faure se garde prudemment d’être tête de liste, préférant confier cette tâche à un « extérieur » Raphaël Glucksmann. Bien lui en a pris, la liste fait 6,19% à la hauteur des 6,36% de Benoit Hamon en 2017. Il pense alors laisser aux Verts la candidature pour la présidentielle. Et puis, viennent les élections locales où, forts de leurs nombreux élus sortants les socialistes limitent la casse, gardent leurs cinq régions et ne perdent pas trop de département. Alors, le petit Olivier se monte du col et décide que le PS aura son candidat, et que, sans aucun débat, Anne Hidalgo fera l’affaire. Avec le succès que l’on connaît.

Depuis ce début d’année, nous connaissons le suspens insoutenable à savoir si Christiane Taubira sera, ou nom, candidate. Taubira… vous savez celle qui en 1993 avait voté l’investiture d’Édouard Balladur comme Premier ministre, celle qui l’année suivante participait à la liste Tapie permettant de faire chuter la liste PS conduite par Michel Rocard, celle qui, candidate à 2,32% au premier tour de la présidentielle de 2002, a permis l’élimination de Lionel Jospin, celle qui ne peut pas inciter ces congénères de Guyane de se faire vacciner… (voir sur Chistiane Taubira, l’excellente tribune de Bernard Poignant, ancien maire de Quimper et ancien conseiller de François Hollande à l’Élysée, parue dans Libération du 4 janvier 2022).

(cliquez sur l’image pour voir l’article)

A 90 jours de l’échéance, la bonne logique voudrait que :

  • • Christiane Taubira reste dans sa retraite,
    • Anne Hidalgo se retire au profit de Yannick Jadot et regagne la ville dont elle est toujours maire, et où il y a beaucoup à faire
    • Yannick Jadot lance véritablement sa campagne pour espérer finir au mieux 4ème
    • Jean-Luc Mélenchon, passé son nouvel échec au premier tour, prenne enfin sa retraite et cesse de pourrir (emmerder dirait notre Président) le paysage politique Français

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1959, après l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, la gauche, écrasée aux élections législatives de novembre 1958, se met au travail au travers de nombreux clubs et parti : club Jean Moulin, Convention des institutions républicaines, Parti socialiste autonome (PSA) devenant le Parti socialiste unifié (PSU). Début 1966, après sa défaite face au général de Gaulle, François Mitterrand créée la Fédération de la gauche démocratique et socialiste (FGDS) démarche qui devait aboutir en 1971 au congrès d’Épinay, à la création du Parti socialiste puis à l’union avec le Parti communiste, l’année suivante, grâce au Programme commun. A l’automne 1974, après sa défaite, de justesse, face à Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand lance les Assises du socialisme qui permettait à la gauche autogestionnaire (PSU, CFDT) de rejoindre le Pari socialiste.

Après chaque défaite, du travail sur la stratégie et les programmes. Et 22 ans plus tard, la victoire de François Mitterrand à la présidentielle.

Alors, bonne année 2022 la gauche, il va y avoir du boulot à partir de l’été !

« Tu dis toujours que tu ne veux pas qu’on te prenne pour un imbécile,, mais faut faire des efforts, toi aussi, de ton coté » Un air de famille de Cedric Klapisch

5 Comments

  1. assez d’accord, sauf
    + que je serais encore plus sévère sur Taubirat, mais qu’au moindre mot je serais qualifié de macho raciste….
    + que je ne pourrai jamais voter Jadot, un pantin avec ses éoliennes offshore dont le coût de production serait intéressant !
    + il me reste à revenir 50 ans en arrière et voter PC, parce que F. Roussel a l’air le plus sympa de tous et parce que ça m’ennuierait de voir ce parti disparaître.
    one pourrai

    • Il est certain qu’il est délicat de trop insister sur l’inconséquence politique de Christiane Taubira sous crainte de se faire incendier par certaine féministes
      C’est vrai que je n’ai pas évoquer Fabien Roussel qui, dégagé de la tutelle aussi forte que méprisante de Mélenchon, a quelques positions intéressantes. Maintenant, voter PC en 2022… Peut-être en écoutant Colette Magny chantant Melocoton sur mon vieux Teppaz (nostalgie…)

  2. Tout d’abord, cher Voldemort, tous mes meilleurs voeux. Je vois que la retraite n’a pas atteint ta vivacité d’esprit et « je m’en réjoui ».
    Si je partage l’esprit de ton message, je ne partage pas ton point de vu sur le quiquenat d’Hollande: le chioix de Ayrault me paraissait meilleur que celui de M. Aubry. Nous n’avions pas besoind’un bulldozer pour attaquer un virage économique de taille, devenir social démocrate. Par ailleurs, c’était au parti de nettoyer Solférino. Mais, voila, les frondeurs étaient des copains. On a donc choisi de rester le cul entre deux chaise en se foutant totalement de la politique qu’il convenait de soutenir pour faire en sorte que l’économie ne vacille pas.
    Depuis 2017, le PS a continué à se regarder le nombril, activité beaucoup plus simple que d’essayer de renouer avec ses fondamentaux: défense du pouvoir d’achat, conditions de vie, environnement, fraternité. Et nous avons donc une palette de candidats de gauche capable de satisfaire le égoismes de chacun. C’est pas nouveau, Jospin en a fait les frais.
    Alors que faire aux présidentielles quand on aura le choix Macron-Pecresse ou Macron-LePen? Je le dis tout net: je voterai Hollande.

    • Merci pour tes vœux mon très cher J.C. Permets-moi de t’adresser les miens en retour.
      Maintenant, je reste sur ma position concernant le choix du Premier ministre. Il est certain que le duo Hollande-Aubry à la tête de l’État n’aurait pas été un long chemin parsemé de pétales de roses. Il y aurait certainement eu des épines…
      Mais, si conduire l’État était une parti de plaisir, cela se serait su depuis longtemps !
      François Mitterrand, que nous respectons tous deux, l’avait bien compris quand il choisit Michel Rocard comme Premier ministre. Une forme de cohabitation, trois années qui, pourtant furent productives : création de l’ISF, de la CSG, du RMI, accord Matignon sur le règlement du conflit en Nouvelle-Calédonie, loi sur le surendettement, loi Gayssot (tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe), loi Evin (lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme… Le meilleur du 2ème septennat Mitterrand.
      Oui, François 1er était supérieur à François II !

  3. Je n’envisageai pas de te faire changer d’idée. Pour ma part, je pense que ce n’est pas Ayrault qui a foutu le bordel mais les frondeurs que j’ai vu à l’action dans ma fédé.
    Par ailleurs, aller chercher Taubira pour dissimuler que l’on n’a rien foutu pendant 5 ans, c’est digne d’une action à la Reboul!

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