Quelle campagne ! disions-nous il y a cinq ans quand les rebondissements se succédaient les uns aux autres depuis l’automne qu’à l’orée du scrutin : une primaire à droite donnée gagnante pour Alain Juppé, remportée à l’arraché par l’outsider François Fillon, en passant par l’élimination au premier tour du président de LR (accessoirement ancien Président de la République). Puis, innovation quatre semaines avant Noël, ce fut le président sortant, François Hollande, qui renonçait à se représenter. Le Premier ministre, Manuel Vals, se lançait alors dans la course à l’investiture dans le cadre d’un primaire joliment baptisée « de la belle alliance populaire ». Fin janvier, là aussi contre toute attente ce fut le frondeur Benoit Hamon qui l’emporta. Au même moment, François Fillon qui s’imaginait déjà élu dans un fauteuil, voyait alors sa candidature exploser suite aux révélations du Canard Enchainé selon lesquelles l’ancien Premier ministre de Sarkozy utilisait son épouse Pénélope pour arrondir ses fins de mois au détriment des fonds publics. Puis se seront d‘autres révélations sur sa manière bien à lui de renouveler sa garde-robe. Et pendant ce temps, l’ancien ministre des Finances de François Hollande tissait sa toile pour finir élu plus jeune Président de la république à 38 ans. Oui, quelle campagne !
Qu’elle campagne ? nous interrogeons-nous en cette fin mars à deux semaines du premier tour. Après deux années de pandémie COVID, après un mois de brutale guerre aux frontières de l’Europe, qui peut, sérieusement, envisager un autre élu que le président sortant ? Il n’est pas question bien sûr « d’enjamber » l’élection, comme on l’entend ici ou là. Mais quel candidat un minimum crédible parmi les onze concurrents à , Emmanuel Macron ?
Marine Le Pen qui a réussi le tour de force à se faire passer comme modérée et présentable face à son challenger à l’extrême-droite Éric Zémour ? Ce serai oublier un peu vite ses positions précédentes sur l’immigration, sur l’Europe, et ses amitiés particulières avec le tyran de Moscou…
Jean-Luc Mélenchon, le monsieur « la République c’est moi », ses positions peu européennes, son anti-américanisme systématique qui s’ajoute à de coupables faiblesses vis-à vis de Vladimir Poutine et des régimes peu démocratique d’Amérique Latine (soutien au vénézuélien Nicolas Maduro, à Fidel Castro…) l’ont depuis longtemps déjà décridibilisé. Par ailleurs, ses tendances, au besoin, complotistes ne le désigne pas vraiment pour représenter la France lors de négociations internationales.
Valérie Pécresse, vainqueure d’une primaire à droite où certains ont cru déceler un bourrage d’urne. Elle navigue à vue entre l’aile la plus centriste de son ex-futur parti, tendance Bertrand et l’aile proche de l’extrême droite, tendance Ciotti. Sa cote baisse dans les sondages, et pour couronner le tout, elle attrape le COVID dans la dernière ligne droite. Quand ça veut pas, ça veut pas !
Yannick Jadot ? Il n’a pas réussi à faire parler du dernier rapport du GIEC sorti en début de mois… L’écologie est peut-être une chose trop sérieuse pour être confiée à un écologiste…
Anne Hidalgo ? Françoise Giroud aurait dit (comme en 1974 à propos de Jacques Chaban-Delmas) : « On ne tire pas sur une ambulance. ». Souhaitons lui bon courage pour le mois prochain quand elle va vouloir reprendre les rennes de la ville de Paris, où ses « amis » EELV l’attendent l’arme au pied.
Et ne parlons pas des autres.
Alors, pour rire un peu, on peut toujours se consoler en apprenant en fin de semaine dernière, que François Hollande envisage de mettre la main à la recomposition de la gauche, les élections passées. Façon pompier pyromane sans doute.
En ce jour où débute la campagne officielle (bonheur d’avoir les même temps de parole pour tous les candidats (Poutou, Lassalle, Macron…), nous avons diablement envie de paraphraser Pierre Desproges en disant « J’ai repris deux fois des moules » !
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